Interview de Cécile Orsoni, CEO et co-fondatrice de Goodnat – plateforme digitale en médecine naturelle

1.    Cécile, pouvez-vous vous présenter et nous dire quel est votre parcours ?

Je suis CEO et co-fondatrice de Goodnat, une plateforme digitale en médecine naturelle. J’ai un doctorat de pharmacie, complété d’une formation dans le domaine de la phyto-nutrition et de l’environnement. J’ai plus de 30 années d’expérience, acquises dans trois domaines complémentaires :

  • Le conseil, à la fois dans des cabinets, mais également à travers ma propre société créée en 2013 (Copartner Santé) ;
  • L’industrie pharmaceutique, à des postes de direction dans des grands laboratoires comme Pfizer ou Boehringer Ingelheim ;
  • L’entrepreneuriat, ayant créé et développé des startups dans la cosmétologie et dans les compléments alimentaires.

2.    Quelle est selon vous la place de la médecine naturelle aujourd’hui ?

La médecine conventionnelle, que l’on appelle « allopathique », est devenu en quelques décennies un réflexe un peu trop machinal pour soigner tous types de maux. Si elle était parfaitement adaptée dans bon nombre de situations, on en a aussi constaté les limites.

De même que l’on a dit à une époque dans une campagne publicitaire « les antibiotiques, c’est pas automatique ! », on pourrait dire de la même façon que « le médicament, ce n’est pas à tout bout de champ » !

En effet, il y a un certain nombre de pathologies, troubles, symptômes… pour lesquels il y a d’autres solutions que les médicaments. De plus, leur image a été ternie par de multiples scandales sanitaires (Mediator, Levothyrox, Vioxx…), causant une certaine défiance.

Cette médecine « chimique » soigne, on ne dira pas le contraire. Elle entraîne en revanche des effets indésirables ou des risques d’accoutumance (exemple : les somnifères) que l’on pourrait éviter.

Dans certains cas, les médicaments sont effectivement la meilleure solution pour traiter des pathologies, de façon tout à fait spécifique. Mais, il y a de nombreuses situations cliniques, ou des maux, pour lesquels il est très intéressant d’avoir recours aux remèdes naturels.

Aujourd’hui, les patients, tout comme les personnes bien portantes, cherchent des alternatives efficaces pour soigner leurs problèmes de santé mineurs ou tout simplement rester en forme.

La question est de savoir quelle alternative naturelle choisir !

3.    Pourquoi devrait-on davantage se tourner vers la médecine naturelle ?

Nous sommes déjà très nombreux à envisager de nous soigner avec des remèdes naturels. En France, ils sont en général classés dans la catégorie des compléments alimentaires. Ils sont fabriqués soit à base de plantes, soit à base de vitamines ou d’oligo-éléments, ou encore de levure ou de bactéries (comme les probiotiques).

Les motivations sont évidemment de traiter des maux du quotidien, de prévenir certaines infections, de combler d’éventuelles déficiences alimentaires… C’est aussi, et c’est un aspect très important, de pallier les effets secondaires de certains médicaments.

D’autre part, il y a un courant écologique que l’on ne peut pas ignorer. On observe clairement une tendance de fond pour des choses plus naturelles, à tous points de vue. Globalement, je crois de nous sommes de plus en plus nombreux à aspirer à une vie plus saine et à être acteur de notre santé. Nous voulons plus d’autonomie et les clés pour prendre notre santé en main. Une vie plus saine, c’est aussi bien manger, faire du sport… c’est tout un ensemble.

La médecine naturelle est une approche intéressante aussi bien à titre curatif, qu’à titre préventif. Malheureusement, la médecine préventive a encore des progrès à faire. L’usage des plantes peut très bien répondre à cet enjeu, à condition bien sûr d’avoir des preuves d’efficacité, de savoir comment les prendre, quand, à quel dosage, etc.

Elle se complète bien – d’ailleurs, on parle aussi de médecine complémentaire – avec la médecine dite « classique ».

4.    Comment est né Goodnat ?

Cela fait plus de dix ans que je m’intéresse aux remèdes naturels, en particulier à la phytothérapie, mais pas que : les levures, les bactéries, les champignons, les produits de la ruche…

Grâce à ma formation et à mon parcours dans l’industrie pharmaceutique, j’ai été très imprégnée par la médecine basée sur les preuves. Et quand je me suis intéressée à la médecine naturelle, je ne m’y retrouvais pas. Alors que je suis quand même un peu une initiée !

Je trouvais que c’était très compliqué de trouver des informations claires et précises. Tout ce que je voyais était assez disparate, diffus, confus, voire contradictoire. J’étais un peu étonnée, parce que dans la « pharma », on a des référentiels scientifiques clairs. Là, ça manquait. Pourtant, des preuves scientifiques, il y en a ! Des centaines de milliers de publications à travers le monde…

Face à ce constat, je rêvais d’un outil qui fasse l’état de l’art sur le sujet. Qu’on me dise de façon claire, simple et précise, si ces produits et remèdes naturels ont fait la preuve de leur efficacité, et comment je dois les utiliser.

Au début, c’est parti d’un besoin personnel, doublé d’une réflexion professionnelle. Comme je m’intéressais aux compléments alimentaires, j’en avais discuté avec mes consœurs et confrères. Ils me disaient par exemple qu’ils ne savaient pas quoi conseiller pour la nausée chez la femme enceinte. Les médicaments souvent prescrits sont des neuroleptiques. Franchement, ce n’est pas très satisfaisant…

Typiquement, la nausée est un bon exemple de symptôme où on n’est pas malade, mais qui est très embêtant, voire invalidant. Ça concerne les femmes enceintes, les gens malades dans les transports, etc. Et là, on leur propose des médicaments dont la balance bénéfice/risque n’est clairement pas bonne. D’ailleurs, l’agence du médicament en a convenu, puisqu’elle a quand même fini par émettre des restrictions très fortes concernant ces médicaments anti-nauséeux.

Et à côté de ça, on a des plantes médicinales efficaces : comme le gingembre, qui a fait la preuve de son efficacité pour réduire les nausées.

Autre exemple, dans le domaine de la prévention : chez les personnes qui sont à risque de développer une dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA), une supplémentation en lutéine et zéaxanthine (des substances naturelles) permet de réduire ces risques. Ce sont jusqu’à 60 000 cas par an qui pourraient être évités ! Et donc, des économies de santé.

Alors oui, on finit par trouver l’information. Certainement. Mais il faudrait chercher longtemps et ensuite réussir à décrypter tout ça ! Nous sommes vraiment très nombreux à recourir aux produits naturels de santé. Malheureusement, faute d’information sur le sujet, il y a beaucoup d’improvisation. Les gens ne savent pas forcément vers qui se tourner pour être bien conseillés. Ils sont un peu perdus.

Voilà ce qui m’a motivée à créer une application qui donne les bonnes réponses, et qui permet de passer des croyances aux preuves : c’est Goodnat.

À l’heure du digital, des comparateurs, des réponses instantanées, et de l’engouement pour la médecine naturelle, il devenait urgent de développer un tel outil !

5.    À qui s’adresse Goodnat ?

Goodnat s’adresse à la fois aux professionnels et au grand public :

  • aux assurances et mutuelles de santé, qui peuvent proposer ce service à leurs assurés pour les aider à rester en bonne santé ;
  • aux professionnels de santé (médecins, pharmaciens…) qui veulent conseiller ce type de produits ;
  • à toute personne qui désire prendre soin de sa santé naturellement.

L’accès à la plateforme prend la forme d’un abonnement payant. Pourquoi ? Parce que nous avons choisi un positionnement qui nous rend 100 % indépendant. Ainsi, nous pouvons proposer une information fiable, neutre et objective. Notre financement permet cette indépendance : nous n’avons aucun lien commercial avec les laboratoires, pas de publicité, pas de vente de produits…

Goodnat, c’est 100 % indépendant, 100 % basé sur les preuves.

6.    C’est ce qui rend Goodnat vraiment unique en son genre ?

Tout à fait. C’est en fait la seule plateforme digitale qui est vraiment focalisée sur cette idée d’apporter des réponses claires et précises. Ce n’est pas un site d’information médicale, mais plutôt un outil qui se veut vraiment très fonctionnel, très « pratico-pratique ». En trois clics, il va pouvoir dire si tel remède a fait la preuve de son efficacité, comment on doit l’utiliser, et très important, quels sont les risques d’interactions avec d’autres traitements médicamenteux.

Il y a quand même 200 000 hospitalisations par an qui sont dues à des interactions délétères entre remèdes naturels et médicaments. On pourrait en éviter un certain nombre.

Avec Goodnat, on répond aux questions que tout un chacun peut se poser à propos d’un remède naturel :

  • « Est-ce qu’il est vraiment efficace ? »
  • « Comment j’utilise le produit ? »
  • « Est-ce qu’il y a des risques ? »

On va aussi indiquer les produits du commerce correspondants, mais on ne les vend pas.

D’autre part, nous allons régulièrement solliciter les utilisateurs pour qu’ils nous fassent un retour d’expérience. De cette façon, nous pourrons comparer les preuves scientifiques et l’avis des utilisateurs. C’est toujours intéressant de confronter les études scientifiques à l’épreuve de la vie réelle !

Enfin, on peut résumer en disant que Goodnat est « full-service », c’est-à-dire qu’il part du trouble pour aller jusqu’à la solution à ce trouble, en passant par les produits existants, avec toutes les informations nécessaires pour bien les utiliser. Dans le sens inverse, l’utilisateur peut aussi partir d’une recherche à propos d’une plante ou d’une substance naturelle, et voir quels sont ses bienfaits et comment l’utiliser.

7.    Quelle est votre ambition pour Goodnat ?

Notre ambition, c’est vraiment de devenir un service de référence pour tous ceux qui ont recours aux produits de santé naturels.

Nous souhaitons faire de Goodnat l’allié digital le plus fiable pour bien choisir et utiliser ses remèdes naturels. Donc c’est finalement l’ambition d’un outil utile, fiable et accessible à tous.

En outre, l’intérêt de pouvoir proposer une telle solution, c’est aussi de permettre aux gens de soigner eux-mêmes leurs petits maux du quotidien et par conséquent, de désengorger les cabinets de médecine générale.

Dans le contexte d’un système de santé en difficulté, si on arrive à réduire le nombre de consultations en médecine générale pour des troubles de faible gravité (qui aboutissent souvent à des produits dont la prescription est facultative), on pourrait contribuer à fluidifier l’accès aux soins pour des problèmes plus graves.

Il y a une éducation à faire, mais j’y crois beaucoup. Il faut que chaque médecine trouve sa place, les remèdes naturels d’un côté, les médicaments de l’autre. Avec Goodnat, on veut réimaginer la place de la médecine naturelle dans le parcours de soin. Et le parcours de soin commence déjà par la personne elle-même, qui va se poser une première question : « est-ce que je peux gérer ce trouble, cet inconfort, cette pathologie de faible gravité, avec une solution naturelle qui a fait ses preuves ? ». Et aussi : « puis-je éviter certaines affections ? ».

8.    S’il n’y avait qu’une chose à retenir de notre échange ?

La présence de la médecine naturelle dans le paysage de soin est une réalité. Il est important de répondre à une attente exprimée d’informations fiables et objectivées, ainsi qu’à une attente d’accompagnement. Si la population a tant recours aux remèdes naturels, c’est qu’elle y trouve un certain intérêt, non ?

Il est bien sûr possible – et recommandé – de demander conseil à son pharmacien, mais on voit bien les ventes en ligne de produits naturels augmenter. Alors, plutôt que de demander à Google ou à son entourage, les utilisateurs de Goodnat disposeront d’une source fiable en ligne sur laquelle s’appuyer. 

Donc il s’agit d’accompagner tous ceux qui cherchent simplement à prendre leur santé en main. Demain, ils pourront le faire d’autant mieux avec un outil comme Goodnat, en ayant à leur disposition une information sûre, pratique, indépendante.

Évidemment, les preuves scientifiques n’existent pas pour toutes les substances naturelles, qui se comptent par milliers. En revanche, ce que les chercheurs et les évaluateurs des autorités de santé nous disent, nous le rendons accessible à tous.

Je suis convaincue que les remèdes naturels, s’ils sont bien utilisés, n’ont que des avantages :

  • en termes d’efficacité, dès lors qu’il y a des preuves ;
  • en termes de tolérance pour l’organisme ;
  • d’un point de vue économique, écologique et sociétal.

Et puis surtout, on désire contribuer à développer enfin cette médecine préventive dont on parle depuis des années et qui peine encore à prendre toute la dimension nécessaire.